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Le texte

Sérénade

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline :
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

Je chanterai tes yeux d’or et d’onyx
Purs de toutes ombres,
Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx
De tes cheveux sombres.

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Puis je louerai beaucoup, comme il convient,
Cette chair bénie
Dont le parfum opulent me revient
Les nuits d’insomnie.

Et pour finir, je dirai le baiser
De ta lèvre rouge,
Et ta douceur à me martyriser,
— Mon Ange ! — ma Gouge !

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline :
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

Paul Verlaine, Poèmes Saturniens

Les illustrations

Sérénade de Paul Verlaine dans Poèmes Saturniens - Peinture de Antoine Watteau - La gamme d'amour - 1717
Sérénade de Paul Verlaine dans Poèmes Saturniens - Peinture de Antoine Watteau - La gamme d'amour - 1717
Paul Verlaine - Recadrage d'une peinture de Henri Fantin-Latour - Coin de table - Paul Verlaine - 1872
Paul Verlaine - Recadrage d'une peinture de Henri Fantin-Latour - Coin de table - Paul Verlaine - 1872

Le pdf

Le pdf du poème Sérénade de Paul Verlaine et du recueil Poèmes Saturniens seront bientôt disponible.