Retrouvez le poème Nuit Du Walpurgis Classique de Paul Verlaine extrait du recueil Poèmes Saturniens en pdf, ebook, livre audio, vidéo, écoute, lecture libre, texte gratuit et images à télécharger ainsi qu’un résumé et une analyse.
Auteur | Paul Verlaine |
---|---|
Recueil | Poèmes Saturniens |
Genre | Poésie |
Courant | Décadentisme, Parnasse, Symbolisme |
Siècle de parution | 19ème siècle |
La vidéo
Le texte
Nuit Du Walpurgis Classique
C’est plutôt le sabbat du second Faust que l’autre.
Un rhythmique sabbat, rhythmique, extrêmement
Rhythmique. — Imaginez un jardin de Lenôtre,
Correct, ridicule et charmant.
Des ronds-points ; au milieu, des jets d’eau ; des allées
Toutes droites ; sylvains de marbre ; dieux marins
De bronze ; çà et là, des Vénus étalées ;
Des quinconces, des boulingrins ;
Des châtaigniers ; des plants de fleurs formant la dune ;
Ici, des rosiers nains qu’un goût docte effila ;
Plus loin, des ifs taillés en triangles. La lune
D’un soir d’été sur tout cela.
Minuit sonne, et réveille au fond du parc aulique
Un air mélancolique, un sourd, lent et doux air
De chasse : tel, doux, lent, sourd et mélancolique,
L’air de chasse de Tannhauser.
Des chants voilés de cors lointains où la tendresse
Des sens étreint l’effroi de l’âme en des accords
Harmonieusement dissonnants dans l’ivresse ;
Et voici qu’à l’appel des cors
S’entrelacent soudain des formes toutes blanches,
Diaphanes, et que le clair de lune fait
Opalines parmi l’ombre verte des branches,
— Un Watteau rêvé par Raffet ! —
S’entrelacent parmi l’ombre verte des arbres
D’un geste alangui, plein d’un désespoir profond ;
Puis, autour des massifs, des bronzes et des marbres
Très lentement dansent en rond.
— Ces spectres agités, sont-ce donc la pensée
Du poète ivre, ou son regret, ou son remords,
Ces spectres agités en tourbe cadencée,
Ou bien tout simplement des morts ?
Sont-ce donc ton remords, ô rêvasseur qu’invite
L’horreur, ou ton regret, ou ta pensée, — hein ? — tous
Ces spectres qu’un vertige irrésistible agite,
Ou bien des morts qui seraient fous ? —
N’importe ! ils vont toujours, les fébriles fantômes,
Menant leur ronde vaste et morne et tressautant
Comme dans un rayon de soleil des atomes,
Et s’évaporent à l’instant
Humide et blême où l’aube éteint l’un après l’autre
Les cors, en sorte qu’il ne reste absolument
Plus rien — absolument — qu’un jardin de Lenôtre,
Correct, ridicule et charmant.
Paul Verlaine, Poèmes Saturniens
Les illustrations
Le pdf
Le pdf du poème Nuit Du Walpurgis Classique de Paul Verlaine et du recueil Poèmes Saturniens seront bientôt disponible.