La vidéo

Le texte

Le Corbeau Voulant Imiter l’Aigle

L’Oiseau de Jupiter enlevant un Mouton,
Un Corbeau témoin de l’affaire,
Et plus faible de reins, mais non pas moins glouton,

En voulut sur l’heure autant faire.
Il tourne à l’entour du troupeau ;
Marque entre cent Moutons le plus gras, le plus beau,
Un vrai Mouton de sacrifice.
On l’avait réservé pour la bouche des Dieux.
Gaillard Corbeau disait, en le couvrant des yeux,
Je ne sais qui fut ta nourrice ;
Mais ton corps me paraît en merveilleux état :
Tu me serviras de pâture.
Sur l’animal bêlant, à ces mots, il s’abat.
La Moutonnière créature
Pesait plus qu’un fromage ; outre que sa toison

Était d’une épaisseur extrême,
Et mêlée à peu près de la même façon
Que la barbe de Polyphème.
Elle empêtra si bien les serres du Corbeau,
Que le pauvre animal ne put faire retraite ;
Le Berger vient, le prend, l’encage bien et beau ;
Le donne à ses enfants pour servir d’amusette.
Il faut se mesurer, la conséquence est nette.
Mal prend aux Volereaux de faire les Voleurs
L’exemple est un dangereux leurre.
Tous les mangeurs de gens ne sont pas grands Seigneurs,

Où la Guêpe a passé, le Moucheron demeure.

Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine

Les illustrations

Le pdf

Le pdf de la fable Le Corbeau Voulant Imiter l’Aigle de Jean de La Fontaine est disponible dans le recueil Fables de La Fontaine :