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Le texte

Je Payai Le Pêcheur Qui Passa Son Chemin…

Je payai le pêcheur qui passa son chemin,
Et je pris cette bête horrible dans ma main ;
C’était un être obscur comme l’onde en apporte,
Qui, plus grand, serait hydre, et, plus petit, cloporte ;
Sans forme comme l’ombre, et, comme Dieu, sans nom.
Il ouvrait une bouche affreuse ; un noir moignon
Sortait de son écaille ; il tâchait de me mordre ;
Dieu, dans l’immensité formidable de l’ordre,
Donne une place sombre à ces spectres hideux.
Il tâchait de me mordre, et nous luttions tous deux ;
Ses dents cherchaient mes doigts qu’effrayait leur approche ;
L’homme qui me l’avait vendu tourna la roche ;
Comme il disparaissait, le crabe me mordit ;
Je lui dis : Vis ! et sois béni, pauvre maudit !
Et je le rejetai dans la vague profonde,
Afin qu’il allât dire à l’océan qui gronde,
Et qui sert au soleil de vase baptismal,
Que l’homme rend le bien au monstre pour le mal.

Jersey, grève d’Azette, juillet 1855.

Victor Hugo, Les Contemplations

Les illustrations

Je Payai Le Pêcheur Qui Passa Son Chemin... de Victor Hugo dans Les Contemplations - Peinture de Vincent van Gogh - Deux crabes - 1889
Je Payai Le Pêcheur Qui Passa Son Chemin... de Victor Hugo dans Les Contemplations - Peinture de Vincent van Gogh - Deux crabes - 1889
Victor Hugo - Photographie par Auguste Vacquerie - 1853
Victor Hugo - Photographie par Auguste Vacquerie - 1853

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Le pdf du poème Je Payai Le Pêcheur Qui Passa Son Chemin… de Victor Hugo est disponible dans le recueil Les Contemplations :