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Le texte

En Frappant À Une Porte

J’ai perdu mon père et ma mère,
Mon premier né, bien jeune, hélas !
Et pour moi la nature entière
Sonne le glas.

Je dormais entre mes deux frères ;
Enfants, nous étions trois oiseaux ;
Hélas ! le sort change en deux bières
Leurs deux berceaux.

Je t’ai perdue, ô fille chère,
Toi qui remplis, ô mon orgueil,
Tout mon destin de la lumière
De ton cercueil !

J’ai su monter, j’ai su descendre.
J’ai vu l’aube et l’ombre en mes cieux.
J’ai connu la pourpre, et la cendre
Qui me va mieux.

J’ai connu les ardeurs profondes,
J’ai connu les sombres amours ;
J’ai vu fuir les ailes, les ondes,
Les vents, les jours.

J’ai sur ma tête des orfraies ;
J’ai sur tous mes travaux l’affront,
Aux pieds la poudre, au cœur des plaies,
L’épine au front.

J’ai des pleurs à mon œil qui pense,
Des trous à ma robe en lambeau ;
Je n’ai rien à la conscience :
Ouvre, tombeau.

Marine-Terrace, 4 septembre 1855.

Victor Hugo, Les Contemplations

Les illustrations

En Frappant À Une Porte de Victor Hugo dans Les Contemplations - Peinture de Arnold Böcklin - Le bois sacré - 1882
En Frappant À Une Porte de Victor Hugo dans Les Contemplations - Peinture de Arnold Böcklin - Le bois sacré - 1882
Victor Hugo - Photographie par Bertall - Carte de visite de Victor Hugo - 1867
Victor Hugo - Photographie par Bertall - Carte de visite de Victor Hugo - 1867

Le pdf

Le pdf du poème En Frappant À Une Porte de Victor Hugo est disponible dans le recueil Les Contemplations :